En 2001, il n’avait que 29 ans lorsque le jeune Joseph Kabila Kabange, accedait au pouvoir après l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila.
Beaucoup ne le voyait pas faire plus de trois ans à la tête de cette Nation, qui était frappée par diverses rébellions surtout dans sa partie Est. Pourtant, Joseph Kabila, a passé 18 ans à la tête de la République Démocratique du Congo, après avoir organisé trois élections.
Alors que le vent du troisième mandat soufflait un peu partout en Afrique, soupçonnait qu’il allait aussi emboîté les pas, Joseph Kabila, va surprendre plus d’un avec la tenue en 2018, de l’élection présidentielle , législative et provinciale.
Son dauphin à la Présidentielle, Emanuel Shadari, n’ayant pas été en mesure de gagner, c’est un opposant, Félix Tshsekedi qui va être élu 5e Président de la RDC.
Le 23 Janvier 2018, il a 47 ans, à un jour de l’investiture de son successeur, Joseph Kabila va prononcer son tout dernier discours en tant que Président de la République.
Ci-dessous l’intégralité de ce discours historique.
Mes chers compatriotes
Il y a 18 ans presque jour pour jour, par la grâce du Très-Haut, et suite à un malheureux concours de circonstances, j’ai accédé à la magistrature suprême dans un contexte marqué par les défis aussi nombreux que graves. Et par l’incertitude, quant à la survie de notre pays en tant que nation… une inactivité économique récurrente, une inflation galopante et une « dette extérieure insoutenable. Ravagée par des conflits armés aux conséquences incommensurables et divisées en autant de principautés qu’il y a eu des chefs de guerre, la République démocratique du Congo, notre pays, était en effet au bord du gouffre.
Il fallait en urgence une thérapie de choc pour empêcher sa descente aux enfers et créer les conditions d’un sursaut salutaire. Comme si cela ne suffisait pas, Mzee Laurent-Désiré Kabila, d’auguste mémoire, qui avait suscité tant d’espoir au sein d’une population congolaise traumatisée par des décennies de dictature et de mauvaise gouvernance venait d’être lâchement assassiné par les forces du mal, avant même que ne puissent être solidifiées les fondations qu’il venait de jeter d’un Congo dont les fils et filles auraient été légitimement fiers.
Il fallait éviter qu’avec sa mort, le rêve ne s’éteigne. C’est avec l‘humilité qu’impose la conscience de l’immensité de la tache mais aussi la détermination de réussir que seule permet une grande foi en Dieu et en son peuple que par un jour ensoleillé du 26 janvier 2001, j’ai répondu a l’appel de la nation en prêtant serment pour la première fois, le serment constitutionnel en tant que Président de la République.
Depuis, nous avons beaucoup fait, sans prétendre avoir tout fait.
En effet, en dépit de l’action néfaste et résolue des ennemis de notre peuple, je n’ai jamais trahi mon serment, ma détermination n’a jamais faibli et avec votre concours à tous, beaucoup d’obstacles ont été franchis, des bonnes choses accomplies. Au regard de la où nous étions il y a une quinzaine d’années, il y a de quoi se réjouir,
Ainsi, grâce à la mobilisation sans faille de l’ensemble de notre peuple, au dialogue permanent avec les forces politiques et sociales, comme moyen de prévention de conflits et de règlement de différends, à l’action de nos vaillantes forces de défense et de sécurité, chaque jour mieux équipées, plus professionnelles et efficaces, à une diplomatie agissante, à des réformes institutionnelles courageuses au nombre desquelles la décentralisation et la récente révision du code minier, et a une politique monétaire et une gestion des finances publiques rigoureuses, le pays a été pacifié et réunifié, l’économie stabilisée, puis relancée, la reconstruction engagée, l’accès aux services sociaux de base amélioré et les avancées sans précèdent enregistrées en termes de démocratisation et d’instauration de l’Etat de droit avec notamment l’organisation régulière des élections libres et démocratiques.
La crise de légitimité née de la révocation, en 1960, suivie de l’assassinat en janvier 1961 de notre héros national Patrice Emery LUMUMBA a ainsi été résorbée grâce à notre action et sous notre leadership que le pouvoir a été effectivement rendu au peuple congolais, son dépositaire naturel.
Mes chers compatriotes,
Le 30 décembre dernier vous avez, pour la troisième fois consécutive, été aux urnes pour élire le Président de la république et les députés nationaux, et pour la deuxième fois, choisir vos représentants dans vos assemblées provinciales.
Grace à votre maturité, les élections se sont déroulées dans le calme, ce dont je vous félicite. Et une première de taille, elles ont été intégralement financées comme je l’avais promis sur fonds-propres du Gouvernement de la République.
La souveraineté nationale, l’indépendance de notre pays et la dignité de notre peuple n’ont pas de prix. Elles ont été réaffirmées, c’est un véritable motif de fierté. Elles doivent continuer à être défendues et sauvegardées, au tant que doit l’être notre riche diversité culturelle.
Ce principe et le respect constituent le fondement de notre nation, et le ferment de notre vivre ensemble. Autant nos pères fondateurs et nos prédécesseurs nous les ont légués, autant je les lègue aussi à mon successeur. Il en va de la survie de notre pays et de la vitalité de notre peuple. Bien plus les choses inédites dans l’histoire de notre pays qui en font un pionnier en la matière dans la sous-région de l’Afrique centrale.
Les scrutins du 30 décembre ont, comme je m’y étais engagé, ouvert la voie à un transfert pacifique et civilisé de pouvoir entre un chef d’Etat élu sortant et un chef d’Etat élu entrant, rêve devenu réalité. Un pari de plus gagné. Il est en outre symptomatique de la cristallisation croissante de la culture démocratique dans notre pays que l’heureux élu, bénéficiaire de cette alternance historique au sommet de l’Etat est issu de l’opposition.
C’est le lieu pour moi de réitérer en votre nom comme en mon nom propre nos félicitations ainsi que nos vœux de plein succès au président élu, Monsieur Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo. Qu’il soit assuré de pouvoir compter sur moi chaque fois qu’il le souhaitera et que l’intérêt du pays l’exigera. Je le dis avec d’autant plus de force que dans le choix fait par le souverain primaire de ne pas faire coïncider la majorité présidentielle et la majorité parlementaire, je dis non pas un appel à la cohabitation, mais une exhortation pressante de leaders politiques à regarder dans la même direction, à coaliser leurs efforts et à travailler ensemble pour la satisfaction des besoins de la population et des biens de la nation.
Mes chers compatriotes,
Mon mandat se termine au moment où s’enracine la vision d’un grand Congo, a jamais -libre et démocratique, qui m’a toujours animé…
J’en appelle donc à une grande coalition de toutes les forces progressistes, coalition contre les forces prédatrices qui se sont liguées et qui tenteront toujours de se liguer pour s’accaparer de nos ressources naturelles sans contrepartie pour nos enfants et nos petits-enfants. Coalition pour défendre, y compris au prix du sacrifice suprême, l’indépendance, la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays, le droit légitime de notre peuple à l’autodétermination ainsi que les valeurs de notre dignité. Coalition pour une prospérité partagée et une cohésion nationale chaque jour renforcée, notre diversifié étant un atout majeur.
Coalition enfin pour parfaire les chantiers en cours et pour en ouvrir d’autres plus ambitieux encore dans les domaines des infrastructures, du développement agricole, de transformation locale de nos ressources naturelles, de renforcement de notre leadership sur le continent autant que sur le marché mondial des minerais stratégiques. Bref coalition pour un Congo fort et prospère…
Mes chers compatriotes,
La liberté, la démocratie, le bien-être et le développement sont des quêtes permanentes, un chantier a jamais ouvert sur lequel nous sommes à tour de rôle appelés à servir. Avec votre concours, j’ai fait ma part pour l’heure, soyez en vivement remerciés, singulièrement mes compatriotes sont…respectueux de la Constitution, je vais demain passer la main sans regret ni remord, car en dépit de l’imperfection de toute œuvre humaine le Congo revient de loin et repose sur des bases solides aujourd’hui, mais plutôt avec des vœux sincères à celui qui désormais aura la charge de la nation. Je vous invite à le soutenir massivement comme vous m’avez accompagné et soutenu tout au long des 18 dernières années.
Cet appel s’adresse particulièrement à notre jeunesse, avenir du pays face aux difficultés de la vie, à l’angoisse et au doute que souvent tout est possible à celui qui croit en Dieu, à son pays et en lui-même qui ose entreprendre et qui cultive la discipline personnelle et l’effort en groupe. En témoigne le jeune homme assermenté le 26 janvier 2001 aujourd’hui présent.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo, mes chers compatriotes,
Je vous remercie.
Prince Meji Muelela