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RDC:Que aurait été le cours de l'histoire de ce Pays sans Joseph Kasavubu ?(Tribune de Pierre Anatole MATUSILA): - PyramidActu.net
lun. Sep 16th, 2024

Essai pour façonner autant que faire se peut les multiples facettes de la riche et dense personnalité du premier Président de la République Démocratique du Congo.

Sans vouloir jouer à l’historien, je voudrais en situer la portée à trois niveaux : au niveau de la figure emblématique même du Président Joseph KASA-VUBU, au niveau de l’histoire politique de la RD Congo et au niveau du peuple Kongo.

Il me semble que, sans le premier Président de la République, l’accession de notre pays à l’indépendance aurait été retardée de plusieurs années. Mais, en même temps, la nation congolaise aurait manqué un homme d’Etat d’exception dont les historiens et les éminentes personnalités de l’histoire politique du pays ont reconnu les qualités légendaires, parmi lesquelles je me limiterai à indiquer les qualités de sagesse et d’honnêteté, un attachement indéfectible à la patrie, le sens du devoir et de l’Etat… Tant de qualités qui ont fait de cet Homme un véritable paradigme d’une gestion politique responsable et promotrice de l’homme.

C’est grâce à ces qualités exceptionnelles que Joseph KASA-VUBU a fait preuve d’un leadership efficace dans la direction de l’ABAKO. Joseph KASA-VUBU a hérité du fondateur de l’ABAKO Edmond NZEZA N’LANDU d’un contenant, il lui a donné un contenu. En effet, c’est KASA-VUBU qui a posé les bases juridiques de l’Association. C’est encore lui qui a contribué à la croissance et à la consécration du mouvement culturel d’abord et politique ensuite sur le plan national et international. Pour de nombreux observateurs, Il existerait une relation croisée entre KASA-VUBU et l’ABAKO et j’ajouterai même entre KASA-VUBU et la République démocratique du Congo   : 
«  KASA-VUBU a largement contribué à la mutation de l’ABAKO, de l’association culturelle au parti politique d’avant-garde qui a joué un rôle déterminant pour l’accession de notre pays à l’indépendance. KASA-VUBU ne serait sans doute pas devenu Président de la République s’il n’était pas à la tête d’un parti politique qui a joué un rôle de premier plan dans la manifestation du nationalisme congolais ».

C’est grâce à ces qualités exceptionnelles que le premier Président de la République Démocratique du Congo a su préserver le pays de la désintégration et de l’implosion alors même que tous les signaux l’annonçaient : sécession du Katanga, sécession dans le Kasaï, rébellion dans la partie orientale, instabilité gouvernementale dans la capitale, dissensions dans la classe politique, jusqu’au sein de l’ABAKO, arrestations du commandement militaire par les hommes de troupes qui ont eu pour conséquence des mutineries … Joseph KASA-VUBU a affiché clairement son attachement indéfectible à l’unité nationale comme une exigence non négociable en s’opposant à toutes les velléités autonomistes d’où qu’elles viennent. KASA-VUBU n’était plus l’homme d’un parti mais l’homme au-dessus des partis. C’était la conviction intime qu’il se faisait de ses nouvelles fonctions!

Par son combat laborieux et résolu pour l’indépendance du Congo, aux côtés de ses pairs de l’ABAKO et pour les qualités exceptionnelles dont il a fait montre dans la conduite du pays durant les cinq premières années de son existence en tant qu’Etat souverain, Joseph KASA-VUBU mérite d’être reconnu et proclamé «Père de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo». En le faisant, la Nation se réconcilierait avec son histoire. Nous rendons un vibrant hommage au Président de la République Félix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO de l’avoir sorti des oubliettes de la mémoire collective en le proclamant « Héros national »

Car, une nation s’édifie autour de ses figures emblématiques, ces grands hommes qui font l’histoire d’une nation, ces héros, ces conducteurs d’âmes, ces véritables phares dans sa marche, ces véritables incarnations et assomptions des aspirations de leurs concitoyens dans l’accomplissement de l’Idée qu’ils se font d’eux-mêmes et de leur rôle dans le concert des Nations.

« Ayant saisi les fins et les idéaux qu’une population se doit de poursuivre pour son plein accomplissement, ils en font le but de leur agir, poursuivent passionnément ce but et consacrent tout leur caractère, leur génie et leur tempérament. C’est pourquoi ils exercent sur leurs concitoyens un pouvoir qu’ils acceptent malgré les réticences de leur volonté consciente ».

Pourquoi cet éveil de conscience dont l’émergence remonte déjà au combat mené tant par Kimpa Vita dans le Royaume KONGO, en passant par la colonisation et le mouvement messianique dont la figure emblématique fut Simon Kimbangu, que par beaucoup d’autres résistants et qui a pris pleinement forme avec la création et la consolidation de l’ABAKO ainsi que d’autres mouvements nationaux qui, bien que postérieurs à ce parti, ont eu pour objectif la libération de la population congolaises, pourquoi, disais-je, cet éveil de conscience a laissé place progressivement à une démission, à un désenchantement et finalement à un refus de nous assumer comme société d’hommes libres, engagés résolument et laborieusement dans le processus de transformation de nos conditions d’existence et d’appropriation de notre futur ?

Notre évidente incapacité à changer le cours de notre société, dont le sort parait comme d’avance scellé du fait de notre irresponsabilité, ne résulte-t-elle pas précisément de la dérive existentielle consécutive à notre refus de nous ressourcer auprès des monuments de notre histoire et de nous imprégner ainsi des valeurs qu’ils incarnaient ?

Il importe de le redire : il n’y a pas de nation, il n’y a pas de peuple sans conscience historique. Celle-ci se construit notamment par la reconnaissance et la consécration de ceux qui font l’histoire d’une nation et sur les traces et les sédiments psycho-sociaux laissés par les grands hommes de l’histoire, ces architectes de la destinée des peuples. Ils ont su forger en une destinée voulue et assumer le destin de leurs populations. Le Président Général de l’ABAKO, premier Président de la République Démocratique du Congo, fut un grand architecte de la destinée de la nation congolaise. Jusqu’à quand notre nation poursuivra-t-elle son parricide ?

Un peuple n’est pas un agrégat d’individus dont les enjeux existentiels se décideraient ailleurs. Un peuple est un corps des citoyens qui, ayant la pleine conscience de leur histoire, affirme leur volonté d’être, de participer à l’histoire et de rester dans l’histoire en termes de jouissance de leur liberté et de maîtrise ainsi que de réalisation de ses conditions d’existence en tant qu’hommes, en tant que sujets et non objet, sous la conduite de ces instruments de l’Histoire que sont les grands hommes, les héros véritables, qui œuvrent à son accomplissement.

Les idéaux et les valeurs qui incarnaient le combat de Joseph KASA-VUBU, il les a puisés dans la mémoire historique du peuple auquel il appartenait, le peuple Kongo ; ce peuple qui a été à l’avant-garde du combat pour la liberté. Démographiquement minoritaire, Joseph KASA VUBU en a fait une minorité éveillée et agissante par le renforcement de leur conscience politique.

De ce point de vue, l’ABAKO et le Président Joseph Kasa-Vubu constituent les résultats d’un long processus qui remonte aux luttes nées des illusions quant aux intentions réelles du Portugal dans ses relations avec le Royaume Kongo, se poursuivant sous la colonisation belge, jusqu’à la lutte menée par l’ABAKO sous le leadership de Joseph KASA-VUBU pour l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale.

Mais qu’est-il devenu, ce Soleil de liberté qui s’est levé très tôt au pays Kongo ? Pourquoi les Congolais en général et le peuple Kongo en particulier ont-ils participé, fût-ce par leur passivité, au parricide de Joseph KASA-VUBU et à ce que d’aucuns ont qualifié d’un «travail grossier de falsification de l’histoire » ?

Avons-nous été et sommes-nous des dignes dépositaires de ce riche héritage ? Entre les Bakongo d’aujourd’hui et ceux des origines de notre histoire, entre les Congolais d’aujourd’hui et ceux qui ont lutté pour conquérir notre liberté, un fossé immense s’est étendu qui fait douter de notre filiation concrète au monde glorieux des nos ancêtres. Sommes-nous vraiment les héritiers de nos glorieux ancêtres ? Rien ne laisse transparaître qu’il y a chez les Congolais d’aujourd’hui le souffle révolutionnaire des ces combattants de liberté. Nous sommes peut-être des rejetons dégénérés d’une grande civilisation dont nous avons perdu l’esprit.

Il ne nous reste plus qu’à nous remotiver et à nous remobiliser pour renaitre de nos cendres. Car l’esprit révolutionnaire peut se mettre en veilleuse, voir disparaitre pour rejaillir plus tard. Une pensée qui a saisi les aspirations profondes d’un peuple finit tôt ou tard par se matérialiser. Puisse l’esprit de Joseph KASA-VUBU, « cette étoile scintillante dans le firmament politique Congolais», éclairer notre agir politique et nous aider à affronter les défis auxquels notre pays fait face actuellement en ce jour commémoratif du cinquante-deuxième anniversaire de son retour triomphal au village glorieux de nos ancêtres.

Kinshasa le 24 mars 2021
Pierre Anatole MATUSILA. Président Général de l’ABAKO

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