Un fait anodin, mais bien révélateur s’est produit le 15 juin 2021, lors du prononcé du verdict en appel du procès dit de 100 Jours. Prétextant l’heure tardive [on ne sait pas pourquoi ils ont décidé de commencer le soir tombé] la cour a jugé bon de prononcer son jugement sans les exposés de motifs. Cette façon cavalière de procéder a certes heurté, non seulement les avocats de la défense, mais également tout esprit cartésien épris de justice et d’équité.
Alors que l’ancien Dircab du président Tshisekedi, Vital Kamerhe, a vu sa peine réduite de 20 à 13 ans en seconde instance [sans comprendre pourquoi], la justice n’ayant pourtant pas daigné apporter les éléments probants de sa culpabilité, voilà que le greffe de la cour d’appel du TGI Gombe, se précipite dans un média périphérique le 17 juin, pour présenter ce qu’il appelle « les exposés de motifs » de la condamnation de Vital Kamerhe.
Sans produire aucune pièce, le greffe s’est lancé dans une litanie d’accusations fantaisistes les une que les autres. Il est annoncé la saisie d’un compte bancaire de Vital Kamerhe dans lequel la justice aurait retrouvé 7M de dollars. Pour la fameuse villa parisienne de Kamerhe [qui était la preuve clé du détournement intellectuel] le greffe a annoncé, pince sans rire, que la justice a laissé tomber ce dossier. Aussi simple que ça. En réalité, selon la réaction du directeur de Communication de Vital Kamerhe, la justice congolaise a plutôt été déboutée par la justice française qui a rejeté sa requête concernant ce bien privé.
La réaction du camp Kamerhe ne se fit pas attendre. D’abord c’est Billy Kambale, le nouveau secrétaire général de l’UNC, parti cher à Kamerhe, qui dénonce cette action du greffe et rend public le dernier extrait du compte Rwabank de l’ancien Dircab.
Il s’en suivra des réactions de toutes parts pour non seulement dénoncer cette pratique peu orthodoxe de la part du greffe et aussi démontrer que le député le mieux élu de la République n’a pas cette somme sur aucun de ses comptes.
Aussi, Michel Moto, le nouveau directeur de Communication de Vital Kamerhe, a dénoncé ce qu’il appelle de l’intoxication. Il va jusqu’à mettre à défi quiconque qui pourrait produire ce compte appartenant au président Kamerhe.
Au-delà de tout, il s’avère que l’opinion s’interroge sur les méthodes utilisées par la justice dans cette affaire. Du début à la fin de ce procès, le ministère public a toujours donné l’impression de n’instruire qu’à charge. Il fallait faire tomber un leader politique peut-être gênant pour 2023.
Nul n’ignore que le président national de l’UNC a dans sa poche un accord écrit et signé en public entre lui et celui qui va devenir le chef de l’état, l’actuel président de la République Félix Tshisekedi. Cet accord garantit à Vital Kamerhe la place du candidat de Cach aux prochaines élections présidentielles de 2023. À partir de là, il n’y a plus qu’un pas à faire pour conclure que le procès Kamerhe est avant tout un procès pour éliminer un partenaire gênant, le candidat de 2023.
À la Justice congolaise de démentir cette accusation qui devient de plus en plus plausible. Le Secrétaire Général de l’UNC à reçu la.visite du responsable de la branche Politique de Nations Unies en RDC. Dans.les.jours qui viennent, plusieurs échanges sont prévus notamment avec des diplomates en place à Kinshasa et des responsables des organisations internationales.
Tout porte à croire que la communauté internationale qui a suivi le dossier de loin commence à s’en rapprocher. Espérons, enfin, que le Magistrat suprême, garant de la bonne justice, pourra, lui aussi, s’intéresser à ce dossier qui a désormais le goût d’un procès politique.
Tribune du Professeur Muteba André. Paris. Juin 2023