On l’attendait au tournant pour son discours du 20 septembre à l’Assemblée générale des Nations-Unies.
Agressée par le Rwanda sous le regard complaisant de la Monusco, envahie par les djihadistes d’origine étrangère, chahutée pour l’exploitation annoncée de ses ressources énergétiques en jachère, convoitée pour ses minerais stratégiques indispensables à la transition écologique, frappée par un ambargo déguisé sur le marché d’armement, la République Démocratique du Congo avait effectivement besoin de faire entendre sa voix dans l’antre des nations civilisées de la planète.
Avec sa légendaire main de fer dans un gant de velours, Félix-Antoine Tshisekedi vient d’entrer par la grande porte dans l’histoire du patriotisme, du nationalisme, du souverainisme et du panafricanisme, à la faveur d’un discours retentissant dont la résonnance va certainement traverser les époques, à l’instar du discours prononcé à la même tribune par le Maréchal Mobutu en 1973. Chapeau bas aux équipes d’avance de la RDC qui ont veillé à ce que la voix du pays de Lumumba se fasse entendre le jour même de l’ouverture de la session ordinaire, en présence de toutes les têtes couronnées encore fraîchement dans la salle avec une attention soutenue.
Comme le disait Sénèque, «le discours est le visage de l’âme ».
Du haut de la Tribune des Nations-Unies, le Chef de l’Etat a fait parlé l’âme générique du Congolais autour des préoccupations ci-après :
- L’inconditionalité de la sécurité pour ses compatriotes et pour l’Afrique;
- L’appel à la responsabilité du Conseil de Sécurité des Nations-Unies face aux agressions récurrentes que subit la RDC par le Rwanda via son bras séculier M23;
- La place de la RDC dans la lutte contre le dérèglement climatique;
- La légitimité de la RDC d’exploiter ses ressources énergétiques en toute responsabilité;
- Du challenge de la transformation at home des minerais stratégiques;
- Du plaidoyer contre les sanctions qui frappent le Zimbabwe; et enfin
- Le rôle de la femme dans l’évolution du monde.
En liminaire, le Chef de l’État congolais n’a pas mâché les mots en ce qui concerne le drame que vit son pays depuis plus de 20 ans.
Il n’a pas non plus hésité de citer à 4 reprises le Rwanda comme étant le principal agresseur et de pointer les preuves de cette agression obvieuse qui gîssent entre autre dans un récent rapport des experts du Conseil de Sécurité des Nations-Unies, dont il a exigé la publication sans altération.
Félix Tshisekedi en a profité pour balayer d’une main ferme les arguties selon lesquelles le Gouvernement congolais soutiendrait les FDLR, mettant quiconque au défis de prouver le contraire.
L’ONU et le Conseil de sécurité n’ont pas été épargnés quant à leur hésitation à condamner ouvertement les violations systématiques du droit international et humanitaire par le Rwanda. Attitude qui frise la complicité.
Le Premier citoyen congolais n’y est pas allé par le dos de la cuillère pour interpeller les puissances industrielles pollueuses de la planète qui doivent inévitablement prendre leurs responsabilités par rapport aux ravages causés par le réchauffement climatique.
Et de présenter la RDC comme pays solution, qui va établir un canevas clair sur cette question lors de la PRECOP qui se tiendra bientôt à KINSHASA.
Tout un symbole aux yeux du Président Tshisekedi qui interdit à quiconque de mettre en cause le droit légitime de la RDC d’exploiter ses ressources afin de sortir son peuple de la
misère, faisant allusion à la vente aux enchères de 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers lancée dernièrement par le Gouvernement.
Le moins que l’on puisse dire est que le peuple Congolais dans sa diversité culturelle et politique s’est senti valablement défendu par ce discours qui mérite de recueillir les applaudissements, y compris dans les rangs de l’opposition.
En sa qualité de Président de la CEEAC et de la SADEC, puis de Président honoraire de l’Union Africaine, Félix-Antoine Tshisekedi a remis au goût du jour les concepts unificateurs du panafricanisme plus que jamais d’actualité.
De quoi faire écho à une phrase mémorable de Ronald REAGAN qui affirmait : “le plus grand leader n’est pas nécessairement celui qui fait fes plus grandes choses. Il est celui qui amène les gens à faire des plus grandes choses.” À la tribune des Nations-Unies, la parole de Félix Tshisekedi a fait bougé les lignes en engageant la communauté internationale à faire des plus grandes choses pour la femme, pour la paix et pour l’environnement.
JEAN THIERRY MONSENEPWO MOTOTO