Le 25 juillet prochain vont s’ouvrir les audiences d’un procès d’une des affaires les plus controversées de l’histoire judiciaire de la République Démocratique du Congo.
Le tribunal de Grande Instance de Kinshasa Gombe vient de fixer l’affaire sous RP 28596 concernant l’assassinat du patron de l’entreprise New SOTEM, l’architecte Patrick MUSHAMUKA, tué dans la nuit du 1er au 2 mai 2022.
Après le refus d’enquêter de la part du Procureur Général près la Cours d’Appel de Kinshasa Gombe, la justice semble coincée dans ce qui devrait réellement être sa démarche après plusieurs dénonciations des témoins sur les menaces de mort qu’a reçues la victime avant son assassinat. Tous les témoignages convergent vers une seul et même personne à savoir Madame Mireille MWILARHE son ex-femme.
Curieusement de toutes les interpellations et incarcérations ordonnées par la justice aucune ne concerne cette femme qui, à l’heure actuelle, jouit de sa liberté totale qui sait où et surtout qu’elle n’a pas été appelée ni à témoigner comme renseignant ni à comparaître au procès qui s’ouvre le 25 juillet prochain.
Pendant ce temps, l’affaire vient d’être fixée avec d’autres personnes comme prévenues en complicité de meurtre. La lettre du Procureur Général demandant la fixation du dossier n’en dit pas plus. Sans aucun doute parcequ’il n’y a rien d’autre à dire. Les architectes Guy Muhigiri et Héritier Mute, aujourd’hui en liberté provisoire après un bref séjour à Makala, sont poursuivis pour avoir dîner avec la victime au restaurant Olive verte de la gombe quelques heures avant sa mort tragique. Pour le procureur cela fait d’eux déjà des complices.
Quant à Me Mbusa Mulimiro, Conseiller du Chef de l’Etat au Collège juridique, incarcéré à la prison makala, il sera conduit devant le juge tout simplement parceque, sur la route qui l’a menée vers sa mort, la victime, son ami, a fait un crochet chez lui avant de repartir juste après quelques minutes. Par contre, les autres locataires de la prison de Makala, Ahmed KASONGO et Freddy Tshimuanga payent les conséquences de leur humanisme pour avoir secouru la victime qu’ils ont trouvée mourante dans sa voiture stationnée au milieu de la route cette nuit là alors qu’il venaient de se séparer quelques minutes plutôt à la résidence de Me Mbusa. Dans tout état de cause le Procureur n’établit aucun mobile ni aucune scénario justifiant la culpabilité des personnes qu’il défère devant le juge. Tout semble que, comme quelqu’un doit payer, c’est donc eux qui paieront. La liberté provisoire accordée seulement à Guy Muhigiri et Héritier Mute montre déjà que leur accusation est là pour faire le décor d’un procès dans lequel les acquittés sont déjà choisis et les victimes expiatoires déjà désignées.
Ce qui interpelle l’attention dans cette procédure déjà biaisée dès le départ c’est le désintéressement de la justice par rapport à la piste de l’ex-femme qui a pourtant été dénoncée par ses propres enfants et la famille du défunt.
Pourquoi la justice n’exploite pas cette piste là?
Alors qu’elle programme déjà la pendaison des coupables désignés, la justice fait la sourde oreille aux multiples alertes des enfants de la victime dont les vidéos ont circulé dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Outre les vidéos il y a aussi un audio vanté autant par l’OPJ que par le magistrat instructeurs du dossier impliquant des personnes bien identifiées mais malheureusement intouchables qui n’a pas été exploité et qui constitue une autre piste plausible dans ce dossier.
Sans s’ingérer dans l’instruction judiciaire qui est encore en cours, il sied de rappeler quelques faits qui ne sont pas passés inaperçus ces dernières semaines. La publication d’une série des vidéos impliquant les enfants du défunt a provoqué plusieurs réactions sur la toile et dans les réseaux sociaux. Beaucoup sont ceux qui ont condamné cette exposition des enfants. La question à se poser est plutôt de savoir pourquoi seulement maintenant ?
La réponse à cette question se trouverai bien dans la déclaration de la fille aînée du défunt postée sur les réseaux sociaux. Le but de ces deux vidéos qui l’impliquent était bel et bien de dénoncer et d’accuser sa mère, ex-femme du défunt comme instigateur de cet assassinat. Son message passe jusqu’à maintenant comme une alerte à l’opinion sur la piste de celui qui serait le suspect numéro un et sur ce qui serait le vrai mobile du crime. À suivre la maitrise avec laquelle parle l’enfant il y a lieu de mettre en doute une probable manipulation de qui que ça soit.
Il sied de rappeler que les quatres enfants de Patrick MUSHAMUKA sont tous mineurs. Après le divorce de leurs parents leur garde a été confiée à leur père. Au même rang que les biens, les enfants font parti de l’objet des tiraillements judiciaires qu’il y avait entre le défunt et son ex-femme depuis le prononcé de leur divorce.
Ce qu’il faut retenir est que les enfants de Patrick MUSHAMUKA sont les héritiers de toute sa fortune dont plusieurs propriétés et ses actions dans l’entreprise de construction New SOTEM qui a un chiffre d’affaire à six zéro en dollar américain et dont il était actionnaire majoritaire.
Face à cette situation, il est bien claire que la bataille sur la garde des enfants qui refait surface n’est pas qu’une question d’amour. Pendant que la famille du défunt s’accroche aux enfants d’un côté, de l’autre côté leur maman s’accroche sur le principe juridique qui accorde automatiquement la garde des enfants à l’autre conjoint encore en vie au cas du décès de l’un d’entre eux.
Quelle est la place de cette guerre déclarée entre la famille du défunt et son ex-femme dans la suite des enquêtes ?
Celui qui prendra le contrôle des enfants prendra le contrôle total de la fortune du défunt.
Il est important de rappeler que la toute première plainte de la famille du défunt était contre son ex-femme qu’elle a accusé d’avoir menacé la victime de mort à plusieurs reprises dans leur combat pour le partage des biens et la garde des enfants après leur divorce. Mais cette plainte serait modifié, par la famille, en une plainte contre inconnu, sur conseil du parquet après l’interpellation de l’ex femme du défunt le lendemain du décès alors qu’elle s’était présenté en la résidence de son ex-mari pour récupérer les enfants.
Sans la qualifier de piège, Cette modification de plainte en une plainte contre inconnu a impliqué non seulement la relaxation de ce premier suspect cité par la famille mais aussi cela a ouvert au procureur un boulevard pour poursuivre ceux qui ne pouvaient être entendus que comme renseignants car étant les dernières personnes reconnues avoir été avec la victime dans l’heure qui a précédée sa mort.
Tout semble que la voie sur laquelle l’instruction mene cette affaire a été tracée pour écarter toute poursuite contre l’ex-femme de la victime afin de crédibiliser la condamnation des boucs émissaires.
Au regard de ce qui précède, on se poserait toujours ces questions :
Qui a tiré sur Patrick MUSHAMUKA ?
À qui profite ce crime réellement ?
Quel serait le mobile réel de ce crime ?
Pourquoi le procureur fait la sourde oreille sur la piste de l’ex-femme du défunt ?
Quel serait l’intérêt des prévenus dans l’assassinat de la victime ?
Seulement ne perdons pas de vue que celui qui prendra la garde des enfants prendra automatiquement le contrôle de leur héritage. Seul Patrick MUSHAMUKA aura perdu dans tout ça.
Analyste libre